Mon cheminement sur l’éducation et la traversée de l'adolescence
Cet épisode est sponsorisé par les 5 dernières années de ma vie. Toute ressemblance avec des scènes ou des personnages connus ou ayant existé n’est pas du tout fortuite.
#2. Maintenant que mes filles ont grandi

Du début jusqu’à la fin
Je ne saurais pas dire exactement à quel moment on a basculé dans “l’adolescence” pour l’une ou l’autre de mes filles, mais clairement, il y a eu un avant et un après.
On est passé, presque d’un claquement de doigt, de la fatigue physique parce que le rythme était intense (cumulée à l'hypervigilance d’un parent hélicoptère, cf ma première NL) à des moments d’épuisement mental, parce que vraiment “it’s a lot”, ces montagnes russes émotionnelles.
La question de la santé mentale s’est aussi invitée dans cette étape de notre vie. Je pensais en parler dans cette Newsletter mais il y avait bien trop à dire, alors ce sera pour la prochaine.
Je n’ai pas très envie de stigmatiser cette période et de parler de “crise d’adolescence”, mais plutôt de moment où les cartes sont rebattues, ou la “systémie” familiale change et où chacun doit s’adapter, autant que possible, à ces nouvelles données.
Dans un épisode du podcast La Matresence, Emmanuelle Piquet (thérapeute et fondatrice des centres À 180° - Chagrin Scolaire) définit l’adolescence comme “un moment où ils sont en train de passer de l’enfance à l'âge adulte et où ils ont envie d’autonomie pour se lancer dans la vie”.
Elle partage avec humour des éléments intéressants sur cette période autour de notre perception, nos appréhensions et ce qui peut aider. Elle rappelle que “faire confiance demande du courage” (évidemment ce n’est pas toujours facile) et qu’à ce moment-là de la vie “la qualité de la relation est primordiale”.
Nos filles ont aujourd’hui 19 et 15 ans. Avec mon aînée, malgré les défis liés à la santé mentale, nos relations retrouvent un certain apaisement (fragile mais réel), tandis qu’avec ma plus jeune, l’intensité des étincelles est pas loin d’être à son max. Sachant que pour ma part j’ai 49 ans et que la périménopause ne m’épargne pas tout à fait … clairement, certains moments sont assez tendax.
Mais encore une fois je ne veux pas stigmatiser ou regarder cette période avec fatalité. Je rêve de traverser tout ça avec plus de légèreté, c’est une intention que je pose chaque jour. Je n’ai pas grandi dans la légèreté, chez moi tout semblait sérieux ou grave. Alors on apprend en avançant, et on s’accompagne mutuellement comme on peut.
Quand nous avons déménagé de la région parisienne vers Montpellier, mes filles n’ont pas accueilli cette décision (qu’elles n’avaient pas choisie) avec enthousiasme (c’est le moins qu’on puisse dire !). Une phrase qu’on m’a dite alors m’a beaucoup aidée : « À cette période, il faut les aider à traverser le gué, leur montrer qu’on est là, leur tenir la main au besoin, mais les laisser avancer avec toute l’insécurité que ça comporte. »
Continuer d’être là du début jusqu’à la fin en leur laissant prendre leur autonomie.
Les classiques
Comme pour beaucoup de monde autour de nous (mais évidemment j’imagine que ça peut tout à fait se passer autrement) on a commencé à expérimenter les classiques : l’agacement (réciproque), la gueule, le silence, les portes qui claquent, les voix qui montent, les yeux au ciel. Mais aussi les câlins inopinés, les copains à la maison, les secrets, les bubble tea, beaucoup de bubble tea, les “maman, viens…” chuchotés du bout du couloir en guise d’appel à l’aide ou annonçant une confidence, et puis la fierté et l’émerveillement qui efface le plus souvent toutes les tensions passées.
Les sujets sensibles
Il y a quelques sujets qui apportent leur lot de friction quotidienne. J’en citerai 3 (parmi d'autres hein!) qui nous sont propres (ou pas !), j’imagine que chaque famille a les siens.
La nourriture :
J’avoue, j’ai beaucoup de mal à retenir quelques monologues sur l’importance de bien se nourrir, de manger équilibré, de bien choisir les produits, de ne pas gaspiller, de ne pas manger entre les repas … blablabla … évidemment ça ne trouve AUCUN échos direct, et bien souvent ça crée des crispations et de l’agacement.
On n'interdit pas la “junk” on sait que ça fait partie du jeu… mais je ne peux pas m’empêcher (mais je me soigne…) de faire une petite remarque au passage ou de commenter en mode “t’es sûre tu ne veux pas un peu de légumes avec ?”.
Sur ce thème j’ai trouvé le dernier livre de Stéphanie Antoine et Pauline Beauvais “L’Ado la dalle” parfait. Il est très bien fait, propose des recettes qui parlent aux ados et aborde tous les sujets avec beaucoup d’humour.
La Newsletter de Stéphanie « Le Beau, le Bon, la Bouffe » ainsi que son échange avec Lili Barbery dans son podcast m'ont apporté un éclairage vraiment intéressant et un peu de recul !
Les troubles du comportement alimentaire, dont souffre mon aînée (et sans doute un peu moi aussi…) rendent ces tensions encore plus sensibles. On navigue comme on peut, en parlant ouvertement et en essayant de faire mieux la fois suivante.
J’essaye de faire une à deux fois par semaine des plats (souvent les mêmes) qui mettent tout le monde d’accord.

Les vêtements :
Je pensais que je serais la personne la plus cool de la planète sur ce point.
Mais en fait non.
Féministe assumée et engagée de longue date, j’ai notamment eu des prises de conscience très profondes quand j'ai co-fondé il y a quelques années, la marque Pourquoi Princesse (qui n’existe plus), dont la mission était de favoriser l’égalité fille-garçon.
Nous avons eu très souvent des discussions sur ce thème en famille et mes filles ont tendance à ne laisser aucune inégalité passer.
Pourtant, le sujet de “mais tu peux pas sortir habillée comme ça !“ est arrivé plus d’une fois sur le tapis.
La discussion n’est pas facile. J’oscille entre “pourquoi je leur interdirais de porter telle ou telle tenue” et “elle se met en danger si elle s’habille comme ça” ou “ce n’est pas de son âge “ ou “en même temps c’est la mode” bref … c’est une balance et des discussions qui semblent parfois sans fin et se terminent le plus souvent par un compromis.
J’ai l’impression d’avoir eu exactement le même genre de discussions avec ma mère, mais je crois que cela prenait moins d’espace. Non c’était non, je n’insistais pas.
Les écrans :
Quand j’ai peur et que je veux comprendre, je me documente… beaucoup … je lis et j’écoute des “experts”, je regarde des vidéos … bref ça ne me rassure pas forcément mais ça me donne quelques clés et permet d’alimenter les échanges et la prise de décision. Mes inquiétudes sont très souvent tempérées par celui qui partage ma vie et l’éducation des enfants.
Pour nos deux ados, les premiers smartphones sont apparus à l’entrée au collège sous condition de signature d’une “charte d’utilisation”... je ne dis pas qu’elle est et a été respectée à la lettre, mais c’était une manière de les responsabiliser et cela nous permet d’y revenir régulièrement quitte à revoir certains termes au fil de temps. Idem pour les réseaux sociaux dont on a retardé l’accès comme on a pu pour la plus jeune, qui n’a pas le droit à TikTok, ni au téléphone dans la chambre le soir pour le moment.
Ma lecture récente du livre de Jonathan Haidt “Anxious Génération” que j’ai déjà mentionné et qui analyse l’impact des écrans (accès partout tout le temps à internet, aux jeux vidéos et réseaux sociaux principalement) sur la santé mentale de la Gen Z m’a fait réfléchir. Ses préconisations font écho au travail de la commission sur les écrans qui a remis un rapport au gouvernement en 2024 et recommande notamment l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans. D’après lui, pour avoir un impact, ces limitations vont de pair avec une plus grande liberté et autonomisation des enfants et des ados.
Aujourd’hui, comme on peut le voir dans cet échange entre spécialistes au micro d’Ali Baddou, le consensus total n’existe pas et chacun fait bien comme il peut !
Je suis consciente que c’est aussi grâce à ces outils et à cette “connexion” que mes filles ont eu accès à beaucoup de créativité et de connaissances, et nous avons envie de les encourager dans cette voie.
Mon amie Amélia Matar, travaille au quotidien pour aider les parents et les enfants dans leur quête d'une relation équilibrée avec les écrans. Une aide précieuse !
Ça va très (trop?) vite
Il y a quelques jours, mon dernier bébé a eu 15 ans…. Elle veut célébrer son anniversaire avec ses amis. On le fait presque tous les ans depuis l’enfance, et je ne remercierai jamais assez Dorothée et Gabriella de My Little Day pour leurs petits guides d'anniversaire que j’ai appliqué à la lettre et qui ont sauvé ces après-midi intenses !
Cette année pas de petit guide, elle nous a annoncé qu’il faudrait faire (/qu’on fasse) des compromis :
ils allaient être nombreux
bien sûr ça commencerait à 20h (fini les goûters donc)
et que ce serait bien qu’on ne soit pas là (on n’a pas lâché sur ce point)
Ici encore on a appliqué la méthode (pas du tout infaillible) discussion/compromis pour revenir à quelque chose de raisonnable.
A l’âge adulte, les souvenirs de l'adolescence sont particulièrement vifs, on parle de la “bosse de réminiscence” . Pour des raisons diverses comme la puissance des émotions qui nous traversent à ce moment-là, ou le fait que l’on vive beaucoup de “premières fois”, on s’en souvient de manière intense avec la sensation parfois que c’était la meilleure période de notre vie.
Je me souviens très bien de mon adolescence, de mes amitiés, mes joies et mes peines, la musique, les expériences… et j’ai parfois du mal à faire le lien avec ce que vivent mes filles aujourd’hui. Mais quand j’y parviens et que je me rappelle mes propres tempêtes, je les regarde avec beaucoup de tendresse.

Cultiver l’espoir et la confiance
Sans faire du « c'était mieux avant », j’ai l’impression (basée uniquement sur mon expérience, mon entourage et quelques lectures, donc ça vaut ce que ça vaut !) que c’est devenu bien difficile d’être un.e ado aujourd’hui, dans un univers ultra connecté où les injonctions et la pression sociale semblent venir de tous les côtés et pas toujours de manière cohérente…
Pourtant c’est précisément là, au cœur de cette intensité, que la légèreté devrait s’inviter comme une respiration.
J’ai demandé à mes filles de partager leur regard sur l’adolescence : un vocal, un texte, quelque chose de personnel.
Je vous livre cette fenêtre qu’elles ont bien voulu ouvrir. Évidemment ça m’a beaucoup touché, ce n’est pas vraiment un raccourci, mais plutôt un aperçu de leur monde.
L’adolescence par Salomé, 19 ans.
Une courte fenêtre sur l’adolescence, par Ella, 15 ans.
Ce qui nous aide à garder le lien :
Partager des choses qui nous tiennent à cœur ensemble : la musique (en écouter, chanter, en jouer), les films, les sorties, les vacances, les amis.
Parler (beaucoup et de tout). On dîne tous les 4 presque tous les soirs, c’est un bon moment pour ça … même si on termine de plus en plus souvent à deux !
Notre porte est plutôt très ouverte à leurs amis (alors pas forcément pour des fiesta à 30 hein, mais à dîner, à dormir, pour se baigner… )
L’humour est toujours a good idea.. je ne compte plus les vidéos ou les memes que l’on s’échange en mode auto dérision, ça nous fait beaucoup rire.
Parler avec mes amies qui ont des ados.
Quelques ressources déclics ou soutien :
Lectures
Le secret des ados heureux - David Gourion (je ne l’ai pas encore lu, c’est le prochain sur ma liste).
C'est (pas) moi, c'est mon cerveau ! Pour enfin comprendre ce qui se passe dans la tête d'un ado ! - Grégoire Borst (Auteur), Mathieu Cassotti (Auteur), Clémentine Latron
Les mots d’Alex Lutz pour son fils, si beaux et si justes ici et là.
Films, docs & vidéos
Cette vidéo faisant l’éloge de l'ingratitude de nos enfants . Cela m’a ému et interrogé à la fois, je garde ces mots dans un coin de ma tête.
La mini-série bouleversante de Julien Gaspar-Oliveri : “Ceux qui rougissent” sur Arte
Pour rigoler
Les vidéos de Mariappymeal sur les parents, les ados, les gens. Je la trouve si juste et drôle !
Pour des conseils pratiques à picorer
J’ai bien les conseils pratiques et pragmatiques partagés par certains comptes anglo-saxons comme celui-ci et celui-là.
Plus de ressources ICI.
Merci d’avoir lu jusqu’ici ! Vos retours et recommandations sont toujours un cadeau.
xxx
Merci de partager tout ça. Quelle émotion d’écouter Salomé et ses mots si sincères et si tendres. Et puis la jolie voix d’Ella🥹, c’est un beau cadeau qu’elles te font de participer à ce texte que tu poses ici. je trouve que c’est le témoin d’un lien très profond. même si le quotidien est autre, même si bien sûr n’est pas toujours facile, comprendre la qualité de la relation à cet âge -je commence à rentrer dans le dur avec mon aîné de 14 ans qui se transforme doucement, mais sûrement et je constate cet éloignement nécessaire, mais qui pique- en tout cas là, ce que tu nous partages, montre bien comme le sens de la famille que vous avez su créer, est précieux. 💜
Tes mots sont fabuleux, et j’ai été très touchée d’entendre les filles. Cela en dit long sur votre complicité et la confiance qu’elles ont en toi. Je vais explorer tes ressources. Je t’embrasse.